Qu’est-ce qui vous fatigue dans le milieu du Tango ?
Au risque de me faire des ennemis : les hommes qui ne travaillent pas leur tango. C’est un fait, les femmes sont TOUJOURS plus nombreuses en cours et en stage. Elle le sont aussi bien sûr à la milonga : serait-ce cela qui dispense les hommes de continuer à apprendre? Vraiment?
J’ajouterai aussi l’importance du respect des codes de la milonga, avec une mention spéciale pour le combo mirada/cabeceo qui a été inventé pour « protéger » tout le monde : qu’on l’utilise! Je déteste les invitations orales, parce que je déteste avoir à dire non, de front, aussi j’accepte parfois des tandas que je n’aurais pas dansé, pour mille raisons… Accepter que quelqu’un ne veuille pas danser avec moi ou que je ne veuille pas danser avec quelqu’un… c’est personnel et on doit respecter ça. On danse le Tango, pour moi c’est très intime, on ne fait pas la charité.
Où et avec qui avez-vous découvert le Tango ?
Septembre 2016, avec François Saulnier et Lucia Lerendegui. Je cherchais juste à me remettre à la danse, à ce stade, ça aurait pu tout aussi bien être de la salsa. Il y avait ce cours de tango à côté de chez moi, à la newsletter duquel j’étais abonnée depuis des années… J’y suis allée et je n’ai plus jamais pu faire marche arrière.
A la fin du premier cours, je me suis demandée ce que j’avais bien pu faire toutes ces années sans. Ce soir là, j’ai eu ce sentiment très vaniteux que cette musique et cette danse étaient faites pour moi, pour mon corps. C’était juste une évidence, comme quand on tombe amoureux(se).
Six mois plus tard, j’ai fait une rencontre primordiale : celle de mon maestro devenu ami, John Zabala. Je ne l’ai plus jamais lâché depuis. Il est mon inspiration, une partie de mon tango, celui qui croit en moi, me soutient, m’encourage dans la voie que j’ai choisi.
Pour vous où se joue l’avenir du Tango ?
Dans les cours débutants du monde entier, chez la nouvelle génération de danseurs qui entament leur carrière professionnelle, et le million de milongueros y milongueras au milieu. Dans le respect des traditions et des anciens tout en lui insufflant un twist pour qu’il ne meure jamais.
Un bon et un mauvais souvenir de Tango ?
Des bons : la première fois que j’ai entendu « Al compas del Corazon » de Calo/Beron et que mon coeur s’est serré très fort; l’attente et la préparation fébriles, dignes d’une gamine de 13 ans avant de sortir dans mes premières milongas, toutes les merveilleuses tandas que j’ai dansé, qui m’ont transporté et m’ont fait me sentir unique, aimée, amoureuse…. toutes les jolies rencontres que j’ai fait grâce au tango, tous ces amis, cette mini famille… Et puis le fait de m’être enfin trouvée.
Un mauvais : Un jour, dans une milonga, je refuse une tanda à un danseur qui vient m’inviter de front. Vexé, il part en ruminant mais revient, et demande à ma voisine directe qui lui refuse aussi l’invitation. Il repart, revient et l’insulte de tous les noms d’oiseaux. Je m’interpose, essaye de protéger la malheureuse qui se recroquevillait sur son siège… pour qu’il se mette à 2cm de mon visage le poing tendu. Cet homme n’a pas été sorti de la milonga.
3 Tangos / 3 orchestres / 3 danseurs
Mañana zarpa un barco – Demare/Miranda
Copas, Amigos y besos – Troilo/Marino
Rebeldia – Calo/Iriarte
Pugliese / d’Arienzo / Calo
3 danseurs(ses)
Outre mon maestro John Zabala bien sûr…. Je dirai Corina Herrera, Octavio Fernandez, et Damian Rosenthal.
Quelle est la meilleur manière de terminer une Milonga ?
Heureuse.